Séminaire EPITECH/EXPERICE : Éducation informelle et apprentissages du numérique (12 avril 2022)
- Post by: Labo Epitech
- 19 mai 22
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Le deuxième séminaire commun entre le laboratoire MNSHS d’EPITECH et le laboratoire EXPERICE de l’Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) a eu lieu le 12 avril 2022 sur le campus d’EPITECH au Kremlin-Bicêtre. La question de l’éducation informelle et des apprentissages du numérique était au centre des discussions, le but de la séance étant de réfléchir à la façon dont on apprend à utiliser les outils informatiques et dont on peut les enseigner.
Voici quelques unes des présentations de nos intervenant-e-s :
Gilles BROUGERE (EXPERICE) : « Peut-on parler d’éducation informelle ? »
La notion d’éducation informelle relève de l’oxymore ou de la contradiction même si elle a été utilisée, en particulier au moment de l’apparition de la notion à laquelle a été substituée très vite celle d’apprentissage informel. S’il s’agit d’une situation d’apprentissage dans laquelle on ne trouve pas de dispositif éducatif, c’est-à-dire aucun faire apprendre structuré. Cependant au-delà de cette contradiction il s’agit de voir en quoi cette notion peut nous aider à penser certaines situations éducatives. Nous définirons l’éducation informelle comme une situation éducative construite à certains égards mais qui n’utilise que des modalités que l’on trouve dans les situations d’apprentissage informel. Cela nous conduira à présenter ces situations et leur diversité, à évoquer les modalités d’apprentissage mises en évidence par différents auteurs et quelques recherches. Dans un deuxième temps nous évoquerons des situations que l’on peut considérer comme relevant d’une éducation informelle, entre autres dans le cadre de l’éducation de rue ou du préscolaire. Enfin nous inscrirons l’éducation informelle dans une logique de formalisation et de déformalisation des situations éducatives.
Claudia MIGLIACCIO-LEDUC (EPITECH) : « Conception des dispositifs et pratiques pédagogiques à EPITECH »
Ce partage d’expérience a pour objet de présenter la chaine opérationnelle de la création de contenus à destination des étudiants, dans le cadre de la pédagogie active : du repérage d’une problématique à traiter, jusqu’aux étapes pédagogiques conclusives, nous explorerons le cycle de vie d’un projet, du point de vue du créateur de situations d’apprentissage. Comment transformer un constat de déficit pédagogique en problématique à adresser ? Comment construire un contexte pédagogique susceptible d’amener les étudiants aux compétences visées ? Quelles sont les questions auxquelles nous soumettons nos propositions, pour garantir le respect de nos principes ? Comment le projet vit-il auprès des étudiants et comment notre pratique a évolué au fil du temps pour mieux servir les apprenants ? Un temps sera consacré à l’activité d’explicitation des acquis par les étudiants, qui nous semble centrale dans la construction de sens à l’issue de situations d’apprentissage complexes.
Noémie ROQUES (EXPERICE) : « Des spectacles de l’intime à la performance de son loisir : les productions minuscules »
Malgré l’usage quotidien du smartphone, notamment par les jeunes gens les plus âgés de mon panel, la production d’un contenu médiatique ne va pas de soi, qu’il soit destiné à un cercle familial ou amical très restreint ou bien qu’il soit pensé pour une diffusion dans des cercles très élargis, voire dans une optique professionnelle. Il est l’objet d’un apprentissage relevant de diverses formes (frayage, essai-erreur, consommation de contenu médiatique en ligne ou encore sous la forme de tutoriel vidéo spécifique). Cette communication propose d’entrer par les productions minuscules des jeunes (6-18 ans) rencontrés lors de ma thèse en territoire rural. Le terme production minuscule renvoie ici au concept des « savoirs minuscules » de Dominique Pasquier (2002). Ces productions sont qualifiées de minuscules, premièrement parce qu’elles se caractérisent par une brièveté d’existence (contenu Snapchat) ou par une durée courte (contenu Instagram, Tiktok), et deuxièmement parce qu’elles témoignent d’une maîtrise de normes précises, de détails incorporés, appropriés et surtout discutés. Troisièmement, car ces productions ne sont pas prises au sérieux par les adultes (enseignants et parents) ou seulement sous un angle péjoratif. Bien qu’il soit répandu, ce type de production est très souvent sous-déclaré par les enquêtés. S’intéresser à ses formes d’apprentissage permet d’aborder la production de contenus médiatiques comme un fait quotidien, plutôt que comme une activité exceptionnelle ou située temporellement (comme par exemple la création de vidéos YouTube). A travers plusieurs cas que je considérerai comme idéal-typique, je tâcherai de montrer les processus didactiques et sociaux amenant à la production de contenus.
Marie PUREN (EPITECH) : « Comment enseigner les humanités numériques ? L’informatique au sein de l’enseignement des sciences humaines et sociales »
Selon les auteurs du Manifeste des Digital Humanities (2010), les humanités numériques « désignent une transdiscipline, porteuse des méthodes, des dispositifs et des perspectives heuristiques liés au numérique dans le domaine des sciences humaines et sociales ». Autrement dit, il s’agit d’utiliser les méthodes offertes par l’informatique pour répondre à des questions posées par les SHS, et pour exploiter des données et corpus produits par ces disciplines. Les humanités numériques intéressent donc tous les champs des sciences humaines et sociales. Enseigner les humanités numériques, cela veut dire être capable de s’adresser à des étudiant.e.s issu.e.s de disciplines diverses, avec des intérêts différents et des niveaux variés – le seul dénominateur commun étant ici l’usage de l’informatique. C’est donc à un exercice périlleux auquel l’enseignant.e doit se prêter. Nous avons ainsi identifié plusieurs questions qui s’imposent à tout.e particien.ne des humanités numériques lorsqu’il.elle se retrouve devant des étudiant.e.s : 1) Comment éveiller l’intérêt pour ces méthodes chez des non-spécialistes ? ; 2) Comment montrer les limites des humanités numériques, sans susciter un rejet complet de ces méthodes ? ; 3) Comment enseigner l’informatique à des étudiant.e.s qui n’ont pas d’appétence particulière pour la discipline ? Cette intervention est d’abord conçue comme un retour d’expérience. Mais elle est aussi conçue comme une interrogation : il s’agit en effet de remettre en question nos pratiques, afin de les améliorer grâce aux retours que l’auditoire sera susceptible de nous faire. Après avoir dressé un panorama rapide des humanités numériques, nous présenterons un certain nombre de cas concrets issus de notre expérience, et nous montrerons comment nous avons, à chaque fois, abordé l’exercice. Nous nous demanderons également si la pédagogie active peut être une manière de faciliter la découverte des humanités numériques, en utilisant notamment les supports de formation et d’auto-formation – de plus en plus nombreux – disponibles en ligne.