Séminaire du laboratoire MNSHS : « Apprentissages en situation informelle : du tourisme au numérique » (14 décembre 2021, de 14h à 17h)
Dans le cadre de cette dernière séance de l’année, nous aurons le plaisir d’accueillir Gilles Brougère (professeur en sciences de l’éducation à l’Université Sorbonne Paris Nord), Laurent Tessier (professeur en sociologie à l’Institut Catholique de Paris) et Cédric Fluckiger (professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Lille). Il sera question d’apprentissages en situation informelle, en particulier dans les domaines du tourisme et du numérique.
Gilles Brougère : « Apprendre en faisant… le touriste »
Cette intervention a pour objectif de saisir les apprentissages en situations informelles entendues comme exemptes de dispositifs éducatifs, ce qui conduit l’apprentissage (pour reprendre les catégories de Schugurensky, 2007) à être tacite (car non-conscient), fortuit (car non intentionnel quoique conscient) ou autodirigé (car intentionnel mais sans faire apprendre extérieur à l’action du sujet). Bien entendu il n’y a pas de frontières précises entre ces situations informelles et les premières formalisations que l’on peut percevoir dans certains dispositifs (comme les musées).
Nous partirons des recherches menées sur le tourisme en déclinant différentes situations (tourisme social, auto-observation, voyages au long cours, voyages d’étude dans le domaine de la petite enfance, séjours linguistiques et classes de mer) de façon à proposer dans un deuxième temps un cadre pour penser les situations informelles d’apprentissage ou ce qui est plus communément appelé apprentissage informel.
Laurent Tessier : « Pratiques numériques et injonctions à l’autonomie à l’épreuve du confinement, au lycée et à l’université »
Lors du premier confinement imposé en France du fait de la pandémie de Covid-19, les lycées et les universités ont été fermés pendant plusieurs semaines. Le passage soudain à un travail “en autonomie” reposant largement sur les technologies numériques confrontait les lycéens et les étudiants à plusieurs défis. D’une part, ces apprenants avaient dans leur immense majorité toujours travaillé sous le regard d’enseignants, en classe et en coprésence. Les injonctions à “devenir plus autonomes” qui leur étaient faites étaient donc au moins en partie théoriques, voire paradoxales. Or de nombreux travaux ont souligné que le numérique est souvent considéré, à tort, comme un facilitateur d’autonomie en formation. Les apprenants devaient donc, individuellement et collectivement, s’adapter à cette situation d’apprentissage inédite tout en se débrouillant avec des outils technologiques dont ils n’avaient pour la plupart que peu l’expérience. Comment alors ont-ils repensé à cette occasion leur “métier d’élève” et d’étudiant ? Cette période a-t-elle été envisagée par eux comme une occasion de développer leur culture numérique et leur autonomie au travail ? On verra à travers les résultats d’une enquête par entretien que les compétences numériques et l’autonomie sont dans ces situations fortement sollicitées par les enseignants, y compris dans certaines formes de co-élaboration des activités en ligne. Il s’agira aussi de caractériser les formes de participation des élèves et des étudiants à cette reconfiguration de la forme scolaire et universitaire.
Cédric Fluckiger : « Le numérique et l’entrée dans une technicité étudiante »
La pandémie et le passage des cours distance a mis en lumière l’équipement massif des étudiants et le fait que malgré des lacunes qui sont apparues nettement, les étudiants ont des usages du numérique en lien avec leur travail universitaire. Ces usages, même les plus élémentaires, ont souvent été acquis de manière informelle, hors des cursus de l’université elle-même. En d’autres termes, la massification du numérique à l’université a eu des effets au niveau individuel pour les étudiants, en plus d’affecter les institutions éducatives. Pour chaque étudiant, l’entrée à l’université est vécue comme un moment de rupture entre des formes et une culture scolaires antérieure, dans lesquels le numérique joue une place réduite, à une forme culturelle dans laquelle l’équipement et l’usage d’outils numériques sont jugés indispensables. Prendre des notes sur ordinateur, échanger entre étudiants, consulter des ressources numériques est une nouveau pour bien des étudiants. Ces usages peuvent être considérées comme une entrée dans littéracie, au sens anthropologique donné par Goody à ce concept, qui s’appuie sur une forme de technicité.
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