Le premier séminaire du labo : recherches collectives et apprentissage par la recherche (17 juin 2021)
- Post by: Labo Epitech
- 22 juin 21
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La toute première séance du séminaire du laboratoire Méthodes Numériques pour les Sciences de l’Humain et de la Société (MNSHS), récemment créé au sein du campus parisien d’EPITECH, a eu lieu le jeudi 17 juin 2021 de 14h à 17h.
Dans le prolongement de la journée d’étude du 7 juin sur les pratiques pédagogiques dans l’enseignement supérieur, nous avions conçu cette première séance du séminaire comme un moment d’échange et de réflexion autour de l’enseignement de nos pratiques de recherche, en nous focalisant plus spécifiquement sur des dispositifs pédagogiques visant à placer les étudiant-e-s ou les élèves dans une posture de chercheur·se·s.
Pour ce faire, nous avions décidé de partir de dispositifs existants – dans un cadre universitaire ou scolaire –, à la lumière desquels nous souhaitions interroger nos propres pratiques d’enseignement de la recherche :
1) un dispositif pédagogique de recherches collectives entre étudiant·e·s et enseignant·e·s-chercheur·e·s, mis en œuvre dans le cadre d’une formation universitaire : le master de Sciences de l’éducation de l’Université Paris 13.
2) un dispositif d’éducation par la recherche, permettant à des enseignant·e·s-chercheur·e·s d’intervenir dans un contexte scolaire pour réaliser des projets de recherche avec les élèves : le dispositif Savanturiers – École de la recherche (un programme éducatif développé par le Centre de Recherche Interdisciplinaire).
Pour présenter ces deux dispositifs, nous avons ainsi invité deux enseignants-chercheurs étant ou ayant été directement impliqués dans leur mise en œuvre. Le premier s’appelle Vincent Berry, il est sociologue, maître de conférences en Sciences de l’éducation et membre du laboratoire EXPERICE à l’Université Paris 13. C’est en tant qu’enseignant-chercheur dans cette université qu’il encadre, depuis une dizaine d’années maintenant, l’UE de Recherches collectives du master de Sciences de l’éducation. À travers son intervention, il a expliqué la façon dont se déroule cet enseignement dont l’objectif premier est de permettre aux étudiant·e·s d’acquérir un « sens pratique » de la recherche qui, selon lui, ne peut s’apprendre que par l’exercice même de la recherche. Le rôle des enseignant·e·s-chercheur·e·s (en binôme dans le cadre de cet UE) consiste alors à « guider » les étudiant·e·s dans leur projet de recherche collective, tout en les laissant faire les « erreurs » qui participent de leur processus d’apprentissage (comme le fait de vouloir diffuser un questionnaire quand une enquête par entretiens serait plus adaptée). Outre l’intérêt qu’elle peut avoir sur le plan pédagogique et les vocations qu’elle peut susciter chez certain·e·s étudiant·e·s intéressé·e·s par une carrière académique, Vincent Berry a finalement insisté sur le fait que cette « formation à la recherche par la recherche » produit également des résultats sur le plan scientifique, comme en témoigne les publications réalisées par les étudiant·e·s concerné·e·s suite à ces projets.
Dans le prolongement de cette première intervention, nous avons ensuite donné la parole à notre second invité pour qu’il nous présente le dispositif des Savanturiers – École de la recherche. Maître de conférences en Sciences de l’éducation à l’Université de Bordeaux (INSPE) et membre du Laboratoire LaCES, Filippo Pirone est lui aussi sociologue, ses recherches portant plus spécifiquement sur les processus de production et/ou de réduction des inégalités à l’école, à travers une analyse comparée de plusieurs dispositifs scolaires. C’est précisément dans ce cadre qu’il a étudié la mise en œuvre du dispositif des Savanturiers, un dispositif scolaire auquel il a directement contribué, en créant il y a quelques années les Savanturiers de la sociologie. S’appuyant sur les résultats d’une enquête par observations et entretiens menée auprès de huit classes d’école primaire engagées dans le dispositif, Filippo Pirone a alors décrit la façon dont celui-ci fonctionne en mettant en relation un·e enseignant·e et ses élèves avec un·e chercheur·se jouant pour ces dernier·e·s le rôle de « mentor » dans le cadre d’un projet de recherche qu’ils·elles ont en commun. Si cette relation est loin d’être évidente et suppose une adaptation mutuelle au dispositif (notamment entre enseignant·e·s et chercheur·se·s), les élèves sont ainsi placés dans une posture de chercheur·se·s censée les rendre acteur·rice·s de la production des savoirs et des savoir-faire transmis par leur mentor. Si le sociologue observe que les projets de recherche en question arrivent rarement à leur terme (faute de temps), il constate par ailleurs l’intérêt que ce dispositif d’« éducation par la recherche » peut avoir dans d’autres domaines scolaires, comme le développement de l’esprit critique ou de la réflexivité par exemple (des « péri-compétences » très valorisées par les enseignant·e·s).
Les résultats de l’étude menée par Filippo Pirone auprès des Savanturiers firent alors échos à la présentation des travaux de recherche collective effectuée par les étudiant·e·s de Vincent Berry, ces deux dispositifs prônant finalement une même pédagogie active visant à familiariser les apprenant·e·s avec la pratique de la recherche par la recherche et, chemin faisant, à leur permettre d’acquérir un sens pratique pouvant éventuellement leur servir dans d’autres contextes, voire leur donner goût à la recherche elle-même.
Tel fut le sens de la conclusion proposée par Nicolas Bourgeois, enseignant-chercheur en informatique et directeur du laboratoire MNSHS d’EPITECH. Après avoir présenté la démarche de pédagogie active appliquée au sein de cette école, il a en effet conclu cette séance en évoquant la nécessité d’impliquer les étudiant·e·s d’EPITECH (dont certain·e·s ont activement participé au séminaire) dans des projets de recherche collaboratifs avec les enseignant·e·s-chercheur·se·s du labo, une collaboration d’autant plus nécessaire qu’elle justifie l’existence même de ce dernier.
Aymeric Brody, enseignant-chercheur au laboratoire MNSHS d’EPITECH et organisateur du séminaire.