La « déferlante complotiste », cas d’école de la validation journalistique d’un cliché
- Post by: Labo Epitech
- 2 septembre 21
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Par Alessio Motta (paru le 14 juillet sur AOC)
Les récents mots de Jean-Luc Mélenchon sur la survenue d’un attentat lors de la prochaine élection présidentielle ont réveillé l’intérêt de la presse pour la question du complotisme. Certains commentateurs voient dans les propos du leader de la France Insoumise les symptômes d’une dérive personnelle, d’autres, une stratégie pour s’adresser à un électorat complotiste qui serait de plus en plus massif. En tout état de cause, le traitement médiatique de cette intervention s’inscrit globalement dans la continuité d’une idée qui a rencontré un grand succès médiatique dans les années 2010 : nous faisons face à une dangereuse vague complotiste. Mais à y regarder de plus près, cette peur, parfois relancée par l’épidémie de Covid et sans doute bientôt par les 20 ans des attentats du World Trade Center, pourrait bien ne pas être tellement fondée.
On lit couramment que les attentats du 11 septembre 2001 et, surtout, l’émergence des réseaux sociaux en ligne ont entrainé depuis le début du 21e siècle une vague, une déferlante ou une explosion du complotisme. Cette idée est plus récente qu’il n’y paraît. Les années 2000, marquées aussi par la guerre en Iraq et les contradictions de l’administration américaine sur les supposées armes de destructions massives iraquiennes, n’ont pas été propices à désigner les complotistes comme ennemis de l’intérieur. C’est seulement dans les années 2010 que quelques intellectuels proclamés spécialistes du complotisme parviennent à diffuser sur des médias l’idée d’une menaçante vague complotiste. L’idée apparaît sensationnelle et plausible en raison de la visibilité sur Internet de certaines théories du complot. Elle constitue assez rapidement un cliché médiatique qui, comme beaucoup d’autres, révèle des défaillances de fonctionnement du monde journalistique.
Car quoiqu’on lise sur la déferlante complotiste, aucune donnée ne permet de montrer qu’elle existe réellement. Pire : les évolutions du phénomène pendant la décennie passée semblent principalement résulter du travail de dénonciation publique du complotisme qui, paradoxalement, a donné à celui-ci une notoriété et une audience sans précédent.
Le milieu des années 2010, en particulier…
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